La possession d'une arme à feu au Canada est un privilège fragile, car la police peut saisir des armes à feu légalement enregistrées pour diverses raisons.
Si les agents estiment qu'il existe des motifs raisonnables ou probables qu'une personne a commis une infraction avec une arme à feu, ils peuvent demander au tribunal un mandat de saisie. Si ce mandat est accordé, la police a le droit de fouiller votre domicile et d'emporter cette arme et toutes les autres qu'elle trouve.
Si une personne est reconnue coupable d'avoir commis une infraction criminelle avec une arme à feu, cette arme sera confisquée par la Couronne et détruite.
Les autorités peuvent également saisir des armes sans mandat s'il existe des circonstances urgentes ou pressantes. La police a peut-être reçu des informations selon lesquelles l'arme allait être utilisée dans une attaque et n'a pas estimé avoir le temps d'aller au tribunal pour obtenir un mandat.
Une autre raison de saisir des armes survient lorsque des personnes sont en proie à des troubles émotionnels ou mentaux, alors que les armes à feu pourraient représenter un danger pour cette personne et son entourage.
Les armes à feu peuvent également être saisies si le propriétaire n'est pas titulaire d'un permis de possession et d'acquisition (PPA) ou d'une autorisation pour cette classe d'arme, ou s'il ne présente pas ces documents à la demande d'un agent de police.
La police dispose d'une autorité limitée pour saisir des armes à feu après qu'une personne a été accusée de violence domestique. Leurs pouvoirs dans ce domaine pourraient être renforcés si le projet de loi C-21 devient loi. Présenté en février 2021, ce projet de loi créerait des lois sur le drapeau jaune et le drapeau rouge pour lutter contre "la violence entre partenaires intimes, la violence fondée sur le sexe et l'automutilation au moyen d'armes à feu", selon une annonce de Sécurité publique Canada.
La loi sur le drapeau rouge permettrait à quiconque de présenter une demande à un tribunal pour obtenir une ordonnance de retrait immédiat des armes à feu pendant 30 jours auprès des personnes "qui peuvent représenter un danger pour elles-mêmes ou pour autrui ; ou auprès d'un tiers qui risque de donner accès à des armes à feu à un particulier qui fait déjà l'objet d'une ordonnance d'interdiction", selon l'annonce.
Il explique que les particuliers qui font l'objet d'une ordonnance d'interdiction d'armes "peuvent être tenus de remettre immédiatement leur(s) arme(s) à feu aux forces de l'ordre. Le tribunal peut également rendre une ordonnance de saisie pour retirer temporairement la ou les armes à feu en cas d'urgence".
Une interdiction de posséder une arme à feu pour une période allant jusqu'à cinq ans pourrait également être accordée, selon le projet de loi, s'il y a "des motifs raisonnables de croire que la personne présente un risque pour la sécurité publique."
En vertu des pouvoirs proposés dans la loi sur le "drapeau jaune", les contrôleurs des armes à feu auraient la possibilité de suspendre le PPA d'un particulier pour une période pouvant aller jusqu'à 30 jours s'"il existe des motifs raisonnables de soupçonner que le particulier n'est plus admissible à un permis d'armes à feu, et d'enquêter pour savoir si ce particulier est toujours admissible à un permis d'armes à feu", selon l'annonce.
Bien que la remise des armes à feu ne soit pas exigée, "le particulier ne peut pas utiliser ses armes à feu ni acquérir ou importer d'autres armes à feu pendant la période de suspension", précise le communiqué, qui ajoute que "si l'enquête détermine que le particulier est admissible à détenir un permis d'armes à feu, les privilèges d'utilisation et d'acquisition seraient immédiatement rétablis."
Le projet de loi C-21 comprend des dispositions permettant au gouvernement de "racheter" n'importe laquelle des 1 500 marques et modèles d'armes à feu désormais interdites au Canada. Selon un rapport, le "programme de rachat est volontaire ; les personnes en possession d'armes admissibles au rachat pourront les conserver au-delà de la période d'amnistie, mais elles ne pourront pas les utiliser, les transporter ou les transmettre à un nouveau propriétaire".
Ce programme a été sévèrement critiqué par les amateurs d'armes à feu. Selon un rapport publié sur le site Web de la National Shooting Sports Foundation, basée aux États-Unis, ce programme constitue une "confiscation pure et simple d'armes à feu par le gouvernement [...] en utilisant l'argent des contribuables canadiens pour que le gouvernement rachète quelque chose qu'il n'a jamais possédé au départ".
Le programme s'est également attiré les foudres de groupes anti-armes au Canada, comme les membres des familles des femmes tuées lors de la fusillade de l'École Polytechnique de Montréal en 1989. Selon un rapport de presse, ils estiment que le "rachat doit être obligatoire" afin de retirer les armes des mains des propriétaires avant qu'un autre parti ne prenne le pouvoir et annule le programme.
L'article 117 (2) du Code criminel donne à la police le pouvoir de saisir des armes "lorsqu'un agent de la paix a des motifs raisonnables de croire
L'article ajoute que si un agent estime qu'il est possible d'obtenir un mandat, il a le pouvoir de fouiller "sans mandat, la personne, le véhicule, le lieu ou les locaux, et de saisir toute chose au moyen de laquelle ou en relation avec laquelle cet agent de la paix a des motifs raisonnables de croire que l'infraction est ou a été commise."
Selon un reportage, un homme de la Saskatchewan a été acquitté de nombreuses accusations liées aux armes après qu'un juge a statué que la GRC avait effectué une perquisition injustifiée à son domicile, "violant ainsi ses droits en vertu de l'article 8 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui stipule que chacun a droit à la protection contre les fouilles, les perquisitions ou les saisies abusives".
L'histoire raconte qu'une femme a appelé la police après avoir entendu des coups de feu chez son voisin, qui appartenait à un chasseur et qui avait une PAL. Lorsque les agents sont arrivés, ils ont été informés par la femme que le voisin avait tiré en l'air avec son arme.
L'homme était parti lorsque les policiers sont arrivés, ils ont donc fouillé son domicile et "ont trouvé une 270 Winchester en évidence dans un placard ouvert", selon l'histoire. "Dans le salon, la police a trouvé trois armes à feu dans des étuis souples posés sur une table de billard, un coffre-fort pour armes à feu non verrouillé et une arme à feu appuyée contre ce coffre-fort".
Les agents ont décidé de saisir les armes à feu sans mandat", indique le rapport, ajoutant que "la GRC a déclaré qu'elle avait saisi les armes parce que l'accusé avait démontré que sa façon d'entreposer les armes posait des problèmes de sécurité pour le public et les occupants de sa résidence".
La police est repartie avec 31 armes à feu, ajoute l'article, et aucune d'entre elles "n'était équipée d'un dispositif de sécurité, d'un verrou de détente ou d'un câble de verrouillage".
En décidant que les armes devaient être rendues à l'homme, le juge a noté : "Il s'agit d'un cas de propriétaire d'arme irresponsable, par opposition à un cas d'individu qui possède une arme à feu à des fins violentes ... Je trouve que les officiers ont violé les droits de l'article 8 [de l'homme] lorsqu'ils sont entrés dans sa résidence, car les circonstances n'ont pas établi une nécessité, raisonnablement et objectivement considérée, de répondre à une menace imminente pour la sécurité du public ou de la police".
Selon un rapport de presse, la police d'Ottawa a saisi environ 850 armes à feu appartenant légalement à un collectionneur local - mais prévoit de les rendre après qu'elles aient été cataloguées.
Le rapport indique que la police dit avoir été appelée au domicile pour des raisons non divulguées et a pris les armes à feu - "fusils, armes de poing, mitrailleuses, munitions et armes diverses" - pour s'assurer que toutes étaient légales et qu'aucune n'avait été utilisée dans un crime.
Cinq fourgonnettes ont été nécessaires pour transporter toutes les armes, et le propriétaire a coopéré avec les enquêteurs pendant qu'ils vérifiaient la légitimité des armes, selon le rapport.
L'article ajoute que le Code criminel "ne fixe pas de limite au nombre d'armes qu'un citoyen privé peut légalement posséder... il est courant que la police trouve des collectionneurs qui possèdent 200 à 300 armes, mais 850 est très inhabituel".
Les lois relatives aux armes à feu et les droits dont dispose la police pour fouiller votre domicile et saisir des armes sont complexes. Si vos armes à feu vous sont retirées, vous pouvez disposer d'une période de temps limitée pour agir. Si des accusations criminelles ont été portées, il est peu probable que la Couronne demande la confiscation de vos armes à feu avant que la cause contre vous ait été entendue. Si aucune accusation n'a été portée contre vous, la Couronne peut quand même chercher à se débarrasser de vos armes, si elle peut démontrer qu'il n'est "pas souhaitable, dans l'intérêt de la sécurité, que les armes à feu soient restituées". Quelle que soit la situation, il est important de noter que toute autorisation que vous détenez relativement aux armes à feu, comme un PPA, est également réputée être révoquée.
Si vous êtes dans cette situation, contactez-moi pour une consultation gratuite, en français ou en anglais. La police a des droits, mais vous aussi.